Blog de la Fondation du Nord

pour l'enfance et la jeunesse

Mois : septembre 2017

Programmes scolaires – Arrêtons le n’importe quoi ! (article de l’Express du 13/09/2017)

Dossier à lire d’urgence dans l’express dont le titre parle de lui-même. Amandine Hirou déplore : “Au cours des dernières décennies , les modifications incessantes des programmes ont fait chuter le niveau général: Et si on revenait au bon sens !

Le 1er chantier est le Français :
Avec les années et le recul , les résultats sont là , et ils sont assez implacables. Comment ne pas voir, par exemple, une corrélation entre la baisse du nombre d’heures consacrées à l’enseignement du français et la chute du niveau en grammaire et en orthographe ces dernières décennies? En cumulé, ce sont trois, voire quatre années d’apprentissage du français qui se sont évaporées au cours d’une scolarité lambda, selon le collectif Sauvez les lettres. Voilà pourquoi un élève de troisième a maintenant le niveau d’un élève de CM2 des années 1970 et 1980! Et voilà pourquoi, aussi, sur le même texte de dictée , un enfant en fin de primaire fait désormais 68 % d’erreurs en plus qu’il y a trente ans“.

Les maths ne sont pas en reste :
“En ce qui concerne les mathématiques, ça n’est guère plus glorieux . Selon l’enquête internationale TIMSS de 2015, les petits Français de CM1, qui affichent un score de 488 points en mathématiques et de 487 points en sciences, se situent bien en deçà de la moyenne européenne (527 en maths, 525 en sciences), et même en deçà de la moyenne internationale (500). Stella Baruk, professeur de mathématiques et chercheur en pédagogie, tire la sonnette d’ alarme : selon elle, l’inquiétante propagation de cas d’innumérisme est trop souvent sous-estimée par rapport au phénomène d’illettrisme […] « la maîtrise des quatre opérations en CP et la connaissance acquise dès le CE1 des tables de multiplication»… Tables que 80% des collégiens ne maîtrisent pas aujourd’hui ! Au final, plusieurs études le démontrent : de 20% à 40% des élèves n’ont pas un niveau suffisant en français et en mathématiques à l’entrée au collège.”

Au bazar des nouveaux programmes s’ est ajoutée l’application simultanée de la très controversée réforme du collège . . . Et notamment l’apparition des fameux “enseignements pratiques interdisciplinaires”. Problème tout s’est fait, une fois de plus, dans la précipitation. C’est ainsi qu’on a vu des thèmes grotesques émerger – nous vous avons déjà parlé plus haut du régime sans gluten d’Emma Boyary, nous n’insisterons donc pas.”

Pour finir, Amandine Hirou constate qu’il y a urgence : Dès son arrivée Rue de Grenelle, le nouveau ministre Jean-Michel Blanquer avait déclaré qu’il ne toucherait quasiment pas aux programmes. Mais si , pour l’instant, il s’est contenté de « détricoter » la réforme du collège en assouplissant les EPI, en réhabilitant les classes bilangues ou les langues anciennes , son lifting des programmes pourrait être plus important que prévu : abandon de la fameuse notion de prédicat, piqûre de rappel sur l’importance de la méthode syllabique et retour à une approche plus chronologique de la littérature… Le tout ne manquera pas de faire hurler ceux que l’on surnomme les « pédagogistes ». Et pourtant, il faudrait aller plus loin encore dans la remise à plat. Pour le niveau général, on l’a vu, mais aussi pour la promesse républicaine d’ascension sociale par le mérite scolaire. Imagine-t-on que seuls 2 % des élèves issus des milieux populaires, en France, se classent parmi les plus performants (enquête Pisa)? Il y a urgence

Modernité du Dictionnaire pédagogique (1887) de Ferdinand Buisson

Rédigé à l’époque sous la direction de Ferdinand Buisson pour aider les 1ers instituteurs , Le dictionnaire pédagogique de Ferdinand Buisson a été réédité partiellement par Patrick Dubois et Philippe Meirieu (Robert Laffont, « Bouquins », 970 p., 32 €). La préface de l’historien Pierre Nora – bien connu pour son ouvrage sur les “Lieux de Mémoire” – rappelle quelques fondamentaux:

Les républicains avaient une image fondatrice de l’école. Ils souhaitaient faire naître un enseignement primaire arraché à l’Église, obligatoire pour tous, donc de concevoir un instrument à la fois pratique, politique, historique et culturel.”

Quand on évoque l’école d’autrefois, l’image surgit d’instituteurs faisant apprendre par coeur des chronologies, des textes… Pas du tout! On est frappé de constater qu’à travers ce Dictionnaire, se posent, avec beaucoup d’ouverture d’esprit, tous les problèmes qui concernent encore aujourd’hui l’éducation d’un enfant. Les articles consacrés à la participation des enfants, à l’enthousiasme, à l’ennui, à l’autorité, passionnants, montrent au contraire à quel point l’association créative des enfants était sollicitée, souhaitée, considérée comme essentielle.”

Je suis bien persuadé que la plupart des instituteurs ou des professeurs, aujourd’hui, aiment leur travail et l’exercent avec talent. Chacun sait pourtant que nombre de jeunes, hélas, ne maîtrisent pas la langue française de manière à peu près correcte. Au temps de Ferdinand Buisson, l’éducation prioritaire était vraiment prioritaire. Aujourd’hui, les pouvoirs publics passent leur temps à dire qu’elle est prioritaire, mais je ne suis pas certain qu’elle tienne la place centrale qu’on lui attribue.”

Un retour au sources de l’école publique que nous vous conseillons vivement de lire.

Références : Dictionnaire de pédagogie, , édité par Patrick Dubois et Philippe Meirieu, préface de Pierre Nora, Robert Laffont, « Bouquins », 970 p., 32 €.

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